Les programmes professionnels de sécurité en avalanche protégeant le public requièrent l'utilisation de tactiques semblables à celles sur les champs de batailles, c'est-à-dire basées sur des observations précises et des recherches méticuleuses. Repérer le danger puis comprendre et bien évaluer les risques sont des stratégies cruciales. Même si l'histoire démontre que d'éviter de croiser leur chemin reste la stratégie la plus sécuritaire, il faut quand même parfois avoir recours à des tactiques de défense et d'attaque.
Tactiques de combatDes arpenteurs et des ingénieurs professionnels travaillant pour le Canadien Pacifique ont étudié l'activité avalancheuse dans les années 1880 le long du tracé du premier chemin de fer transcontinental au Canada.
Les ingénieurs civils parmi les premiers à effectuer des recherches sur les avalanches au Canada pendant les hivers de 1884-1885 et de 1886-1887.
Aucune photo de leur campement d'observation sur la neige et les avalanches n'a été trouvée. C.-B. 1885. © Glenbow Archives NA-4428-8.
L'observation de l'activité avalancheuse a permis aux ingénieurs de chemins de fer de positionner et de créer des défenses contre les avalanches comme ce pare-avalanche sur le flanc d'une colline.
À l'est du sommet du col Rogers, parc national des Glaciers, C.-B. vers 1886-88. © Glenbow Archives NA-4428-16.
Le Canadien Pacifique a été parmi les premiers à faire des recherches sur les avalanches afin d'aider à positionner et créer des défenses contre les avalanches pour son premier chemin de fer transcontinental.
Des notes détaillées des campements d'hiver dans la chaîne Selkirk ont permis au Canadien Pacifique d'élaborer son premier plan d'attaque contre les avalanches. Image I/CM/Sy4 gracieuseté du Royal BC Museum, BC Archives.
Extrait du journal de bord de S.A. Sykes,1885.
S.A. Sykes et ses collègues ont réalisé les premières observations systématiques d'avalanches au Canada. Chaîne Selkirk, C.-B., 1885. Image I/CM/Sy4 gracieuseté du Royal BC Museum, BC Archives.
Vue rapprochée du journal de bord de S.A. Sykes,1885.
Image I/CM/Sy4 gracieuseté du Royal BC Museum, BC Archives.
Des outils permettant d'étudier la neige, inventés par le canadien George Klein, ont été adaptés pour faire de la recherche sur les avalanches au col Rogers dans les jours qui ont précédé l'achèvement de la route Transcanadienne.
Les outils de recherche sur la neige se développèrent rapidement lorsque la décision fut prise dans le milieu des années 1950 de faire passer la route Transcanadienne à travers le col Rogers.
Noel Gardner transportant une trousse portative de recherche sur la neige utilisée au col Rogers. Parc national des Glaciers, C.-B., 1963. Revelstoke Museum & Archives 5540. © Collection Betty Gardner.
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La trousse de « Klein » a été inventée par le canadien George Klein dans les années 1940 alors qu'il travaillait pour le Conseil national de recherche du Canada.
Après l'ouverture de l'autoroute en 1962, Noel Gardner a dirigé l'équipe de sécurité en avalanche du col Rogers jusqu'en 1965. Revelstoke Museum & Archives A2013.22.2. © Gouvernement du Canada, Bruno Engler.
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“Afin de faire ce genre de travail… vous devez simplement connaître les avalanches et aller sur le terrain... et avoir une bonne idée de ce qu'elles peuvent faire.” Peter Schaerer, 2009
Le spécialiste en avalanche, Peter Schaerer, parle à Cathy English, la conservatrice du Revelstoke Museum & Archives, à propos de ce qu'il faut pour être un expert en matière d'avalanches. C.-B., 2009. Revelstoke Museum & Archives A2013.30
Leader en matière de recherche canadienne sur les avalanches pendant plus de 50 ans, Peter Schaerer s'est vu décerner l'Ordre du Canada en 2000.
Peter Schaerer utilisant un inclinomètre pour mesurer l'angle de la pente d'un couloir d'avalanche au col Rogers. Parc national des Glaciers, C.-B., 1958. © Revelstoke Museum & Archives PSA.58. © Travaux publics Canada, Bruno Engler.
Pour souligner l'ensemble de tous ses accomplissements, Fred Schleiss a reçu un prix de la Canadian Avalanche Association en 2007.
Leader dans le développement de techniques d'observation, M. Schleiss a mené l'équipe de sécurité en avalanche du col Rogers entre 1965 et 1991. Sommet du col Balu, parc national des Glaciers, C.-B., vers 1980. Revelstoke Museum & Archives 5542. © Parcs Canada, John G Woods.
Des observations méticuleuses sur le terrain et une tenue des registres rigoureuse sont essentielles à la planification en matière de sécurité en avalanche.
Ce dessin montre l'activité avalancheuse le long du chemin proposé pour la route Transcanadienne à travers le col Rogers. Aujourd'hui, il y a un pare-avalanche dans cette zone. Parc national des Glaciers, C.-B., 1958. © Revelstoke Museum & Archives 5543.
Les observateurs d'avalanches continuent d'adapter leurs outils pour examiner la neige, en combinant des instruments qui ont prouvé leur utilité avec le temps avec des matériaux modernes, comme les cahiers de notes imperméables et les thermomètres à cadran.
Depuis 1991, les spécialistes en avalanche partagent leurs observations d'avalanches et de température sur une base continue, tout au long de la saison avalancheuse.
Avalanche Canada gère la base de données InfoEx© (Information Exchange) pour les professionnels dans le domaine qui s'y inscrivent. Station météorologique de Great Bear, Coquihalla, C.-B., 2007. Revelstoke Museum & Archives 5341. © ministère de l'Infrastructure et des Transports de la C.-B.
Des bulletins d'avalanche quotidiens sont accessibles au public sur le site Web d'Avalanche Canada www.avalanche.ca
Publié par Avalanche Canada le mardi 12 mars 2013. Revelstoke Museum & Archives 5541. © Avalanche Canada.
Savoir où et quand les avalanches ont des chances de frapper et éviter les couloirs d'avalanche lors de la saison dangereuse est souvent la meilleure stratégie pour rester en sécurité. Et ce, pour toute activité qui se fait en territoire avalancheux, de la planification communautaire aux activités récréatives en arrière-pays. S'il faut absolument traverser un couloir d'avalanche, la deuxième meilleure option est alors de minimiser la durée d'exposition.
Les zones d'avalanche où il est interdit de s'arrêter réduisent l'exposition au danger d'avalanche. Les adeptes de l'arrière-pays expérimentés se basent sur ce même principe pour réduire les risques.
Les panneaux de mise en garde d'avalanches identifient les zones de danger le long des autoroutes et avertissent les conducteurs de continuer à se déplacer.
Panneau « zone d'avalanches » interdisant de s'arrêter. Route Transcanadienne, col Rogers, parc national des Glaciers, C.-B. 2010 Revelstoke Museum & Archives 5336. © Parcs Canada.
Les gens qui s'aventurent en terrain avalancheux par eux-même doivent être capables d'identifier les zones dangereuses et les routes les plus sécuritaires.
Près de Fairy Meadows, chaîne Selkirk, C.-B., 2009, Revelstoke Museum & Archives 5544. © Fraser Sprigings
Le chemin de fer du Canadien Pacifique a évité la zone à risque extrême d'avalanches du côté ouest du col Rogers en construisant une série de « boucles » sur sa ligne de chemin de fer.
Ce train, se dirigeant vers le col Rogers, passe par les « boucles » afin d'éviter les grands dangers d'avalanches que présente le mont Cheops à gauche. Parc national des Glaciers, C.-B., vers 1910. © Whyte Museum NA-71-1636.
En 1916, grâce à l'ouverture du tunnel Connaught, le chemin de fer du Canadien Pacifique évitait désormais la plupart du danger de croiser une avalanche au col Rogers.
Le tunnel a raccourci la ligne de chemin de fer, réduit la pente et a rendu plusieurs pare-avalanches obsolètes. Col Rogers, parc national des Glaciers, C.-B., vers 1916. © Glenbow Archives NA-4598-3.
La vulnérabilité du chemin de fer du Canadien Pacifique face aux avalanches au col Rogers a été réduite davantage avec l'ouverture des tunnels des monts Macdonald et Shaughnessy.
Le train de l'inauguration émerge du tunnel du mont Shaughnessy, mai 1989. Parc national des Glaciers, C.-B. © Archives Canadien Pacifique E6664.
Carte des zones avalancheuses du ruisseau Connaught
Aujourd'hui, des cartes illustrant les zones de danger en terrain avalancheux sont utilisées dans les domaines du transport, de l'industrie et des loisirs afin d'améliorer la sécurité du public et des lieux de travail.
Cette carte des zones d'avalanche est donnée aux gens qui désirent explorer l'arrière-pays afin de les aider à planifier leur itinéraire. Des cartes semblables sont également disponibles pour d'autres régions. Parc national des Glaciers, C.-B. 2013. Revelstoke Museum & Archives 5337. © Parcs Canada.
Les pare-avalanches font partie des moyens de défense contre les avalanches au Canada depuis l'hiver de 1886-87. Afin d'être efficaces, ces abris doivent être placés aux bons endroits et construits de manière à résister à des vents soudains et violents combinés à de la neige. Ils doivent également être assez solides pour supporter le poids de débris d'avalanche. Une fois construits, on réalisait souvent que les pare-avalanches, après avoir subi de l’activité avalancheuse, devaient être révisés, le plus souvent agrandis.
Histoire des pare-avalanches
Les pionniers de l'industrie minière utilisaient les pare-avalanches pour protéger les immeubles et les tramways qui servaient à transporter le minerai.
La nuit de Noël de 1902, 9 personnes sont mortes dans une avalanche qui a frappé la mine Molly Gibson. Cette photographie a probablement été prise plusieurs années après. Chaîne Selkirk, C.-B. © BC Archives D_06525.
Un long réseau de pare-avalanches protégeait jadis le chemin de fer du Canadien Pacifique au col Rogers. Certains sont encore en usage sur cette voie ferrée.
Des fondations massives ancrent le pare-avalanche # 11 sur le flanc de la montagne. Le toit fortement supporté épouse les formes de la pente où se trouve le couloir d'avalanche. Parc national des Glaciers, C.-B. 1886. © Archives du Canadien Pacifique a7634.
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“Finalement, nous sommes arrivés à un endroit où on pouvait tout d'un coup voir le pare-avalanche... nous pouvions à peine y entrer. Nous avons crié à l'intérieur et des gens nous ont répondu... et il y avait deux familles là-dedans.” Walter Schleiss, 2012.
Le prévisionniste d'avalanche Walter Schleiss décrit le sauvetage de deux familles bloquées dans le pare-avalanche Lanark sur la route Transcanadienne, C.-B. Après 8 heures d'attente, ils ont étés secourus sains et saufs. 1er janvier 1963. © Revelstoke Museum & Archives A2013.9
Des avalanches ont bloqué les deux sorties du pare-avalanche Lanark sur la route Transcanadienne pendant sa première année d'utilisation.
Les équipes d'entretien routier de la province et des parcs nationaux ont travaillé ensemble pour libérer les familles prises au piège. Des murs de soutènement ont par la suite été ajoutés au pare-avalanche afin d'éviter d'autres débordements. C.-B. 1963. Revelstoke Museum & Archives 5332. © Parcs Canada.
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Conduire à travers le pare-avalanche « Great Bear » sur l'autoroute Coquihalla en C.-B. Chaque année, au Canada, des millions de personnes conduisent à travers des pare-avalanches.
Si vous n'avez jamais conduit à travers un pare-avalanche, voici votre chance de le faire : vue du siège avant d'un autobus voyageur se déplaçant à travers le pare-avalanche « Great Bear », qui se situe sur l'autoroute Coquihalla (route 5) en C.-B., 2012. En hiver, les pare-avalanches protègent quotidiennement des milliers de personnes qui traversent des couloirs d'avalanche. Revelstoke Museum & Archives A2013.16.2. © John G Woods.
Le plus récent des pare-avalanches au Canada, « Great Bear », protège les voyageurs depuis l'hiver de 1986-1987.
Ce pare-avalanche qui se situe sur l'autoroute Coquihalla (route 5) est le plus récent au Canada. Huit autres sont situés sur la route du col Rogers (Transcanadienne) entre Revelstoke et Golden, C.-B. Date inconnue. Revelstoke Museum & Archives 5339. © ministère de l'Infrastructure et des Transports de la C.-B.
Des charges explosives sont souvent utilisées dans plusieurs zones d'avalanches au Canada afin de déclencher des avalanches dans des conditions contrôlées. En stabilisant ainsi les pentes, les zones fermées peuvent être rouvertes.
Les tirs d'obus peuvent permettre le déclenchement préventif d'avalanches à n'importe quelle heure, sous n'importe quelle condition météorologique.
Les professionnels en avalanche documentent méticuleusement chaque succès et chaque échec dans leur éternel combat contre la neige.
Des tirs d'obus et les avalanches qui en ont résulté dans les couloirs d'avalanche Cheops 1 et Cheops 2 au sommet du col Rogers, parc national des Glaciers, C.-B., 6 mars 1958. Revelstoke Museum & Archives PSA.89. © Gouvernement du Canada.
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Des bombardements précis avec des obusiers de 105 mm permettent le déclenchement préventif d'avalanches dans le col Rogers à toute heure de la journée et dans n'importe quelle condition météorologique.
Travaillant de concert avec Parcs Canada, les Forces armées canadiennes chargent et tirent un obusier C3 de 105 mm au col Rogers. Les tirs de précision permettent de déclencher des avalanches lorsque cela est nécessaire. Parc national des Glaciers, C.-B., 2013. Revelstoke Museum & Archives A2013.16.7.
Aujourd'hui, les explosifs sont couramment utilisés afin de libérer ou de stabiliser les manteaux neigeux avant que des avalanches ne se déclenchent sans préavis.
L'alignement de l'artillerie pour une opération de déclenchement préventif des avalanches le long de la route Transcanadienne au col Roger, parc national des Glaciers, C.-B., 2012. Revelstoke Museum & Archives P5567. © Parcs Canada, Rob Buchanan.
Les charges explosives qu'on laisse tomber à partir d'hélicoptères permettent d'atteindre la cible avec précision et d'observer de près les avalanches qui en résultent.
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Un hélicoptère laisse tomber des charges explosives pour déclencher des avalanches au-dessus de l'autoroute 3 au col Kootenay, printemps 2012.
Printemps 2012, col Kootenay. © ministère de l'Infrastructure et des Transports de la C,-B. Revelstoke Museum & Archives A2013.24.3.
Les exploseurs gazeux permettent de stabiliser une avalanche de manière télécommandée.
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Vidéo montrant une avalanche déclenchée par un exploseur télécommandé Gazex, au-dessus de l'autoroute 3, au col Kootenay, C.-B.
Printemps 2012, col Kootenay. © ministère de l'Infrastructure et des Transports de la C.-B. Revelstoke Museum & Archives A2013.24.3
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Jim Bay, professionnel en avalanche avec AvaTech Mountain Systems Inc., démontre le système de contrôle des avalanches DaisyBell.
Bande-vidéo filmé dans la chaîne de montagnes Selkirk qui démontre l'usage d'un DaisyBell à partir d'un hélicoptère. © Jim Bay, AvaTech Mountain Systems. Revelstoke Museum & Archives A2013.32.2
Les charges explosives lancées à la main sont utilisées pour stabiliser les pentes dans plusieurs centres de ski alpin.
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Les techniciens en avalanche de la station de ski Revelstoke Mountain Resort préparent des explosifs et effectuent une procédure de grenadage à main.
Station de ski Revelstoke Mountain Resort. © Revelstoke Mountain Resort, C.-B. Revelstoke Museum & Archives A2013.32.1